C’est l’un des films événements en ce moment. Il s’agit de la dernière réalisation de Luc Besson : «Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec». Le film est actuellement à la 1ère place du box-office en France. L’occasion de découvrir Louise Bourgoin en Adèle Blanc-Sec. Interview à découvrir avec celle qui est passée de la télé au cinéma.
Louise Bonjour.
Bonjour.
Comment est-ce que Luc vous a proposé le rôle d’Adèle Blanc-Sec ?
Il a demandé à me rencontrer en décembre 2008. On s’est vu dans un café, on a discuté longuement de nos parcours respectifs et il m’a fait lire le script. Tout de suite, j’ai eu très envie d’interpréter le rôle d’Adèle, qui est particulièrement riche. Il m’offrait une palette d’intentions géniales à jouer. Je lui ai dit oui tout de suite. Dès le lendemain, il m’a dit qu’il avait décidé que ça serait moi. Je lui ai dit: «Je ne comprends pas, on ne fait pas d’essais ? Il n’y a pas de casting ? ». Il m’a répondu : « Non, pour moi tu étais en casting tous les soirs à la météo au Grand Journal ». Je remercie Canal de m’avoir permis d’interpréter plein de personnages différents et de m’avoir laissé écrire mes propres textes.
Qu’est-ce que vous saviez du personnage et de son créateur Jacques Tardi ?
Je l’ai découvert quand j’avais 18 ans. J’ai un père qui collectionne beaucoup les bandes dessinées, qui m’en a fait lire très tôt. J’étais fan d’Enki Bilal, Loisel, Fluide Glacial… J’ai lu Adèle Blanc-Sec de Tardi à 18 ans. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est qu’il s’exprimait à travers elle comme il se serait exprimé à travers un personnage masculin. Elle n’était pas le personnage féminin stéréotypé qu’on a l’habitude de lire, comme Bécassine, Barbarella, qui sont tantôt idiotes, tantôt très érotiques. Ça m’a beaucoup plu. Elle est moderne, très rebelle, têtue, décidée. Elle sait ce qu’elle veut et elle est assez misanthrope, ce qui la rend touchante. C’était assez jouissif à jouer.
Vous avez la réputation de beaucoup travailler en amont. Comment vous êtes- vous préparée pour le personnage ?
Luc avait une idée très précise de son Adèle. Très vite, j’ai commencé à travailler les textes avec lui. Il me jouait Adèle devant moi, ce qui était assez drôle. Pendant le tournage, il parlait avec une voix de femme : « Excusez-moi mon brave, pourrais-je avoir un café s’il vous plaît». Ça me permettait de rester concentrée, de ne pas perdre le ton un peu particulier qu’elle a. Elle est un peu comme une mitraillette, très sèche, très dure, très rapide. Il y a quelques anachronismes de langage, comme dans la bande dessinée. Luc voulait qu’elle soit très moderne, hors du temps. J’ai commencé par travailler la démarche. Il voulait qu’elle ait une démarche très rigide, masculine, sans dérouler les hanches. J’ai une démarche un peu dégingandée qu’il a fallu que je structure.
En parlant de voix, on vous entend chanter sur le générique de fin. C’est une expérience que vous avez envie de renouveler.
Je pense que personne n’aura envie de la renouveler avec moi. Je ne peux pas chanter, je chante très mal. Ma mère m’a toujours dit : « Tu peux tout faire mais ne chante pas ». Quand on m’a proposé de chanter avec Thomas Dutronc, un chanteur que j’aime beaucoup, j’étais contente mais je leur ai dit que je ne savais pas chanter. Je pouvais parler, dire quelques phrases… Mais ils m’ont dit que je pouvais chanter comme je le voulais, puisque tout est modifié avec l’ordinateur. Je parlais du nez, parce que j’avais un rhume et en plus, je chante faux. Il se trouve que je chante juste dans la chanson, c’est miraculeux. Je trouve ça génial.
Avec le recul, est-ce que vous avez le sentiment que cette télé quotidienne vous a préparée à devenir actrice ?
Certainement. Canal m’a donné une liberté telle que j’ai pu interpréter un personnage différent par soir, écrire mes propres textes… Ils m’ont censurée deux fois en deux ans. J’avais toute liberté. Ça m’a complément épanouie. Devoir interpréter, construire un personnage pour une minute, et le faire en direct, sans pouvoir le refaire, ça entraîne beaucoup. Par contre, il n’y a aucune réciprocité, on joue seul face à une caméra. Alors que là, j’ai appris à jouer avec des acteurs, à gérer leurs réactions, à m’appuyer sur leurs regards.
« Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » est assez ouvert, ça sent la suite. Il y en aura une ?
J’aimerais bien. Pour tous les acteurs, un tournage est irréversible, ce qui est un peu frustrant. J’ai vu le film, et j’aimerais m’améliorer. Une suite me permettrait de le faire. J’ai l’impression de ne pas en avoir terminé avec Adèle. Ça sera à Luc d’en décider. Il faut que le premier film marche pour que ce soit le cas. En tout cas, c’est en cours d’écriture.
Merci beaucoup.